Thierry Jonquet

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Thierry Jonquet

Mygale Thierry Jonquet est l’un des enfants chéris du Polar Français. Son parcours étonnant et sa polyvalence, son goût pour l’expérimentation et le contre-pied de la Tradition policière ont fait de lui un des écrivains GenresMineurs les plus remarquables.

Mygale est très dérangeant. L’atmosphère sadique et sombre que dégage le roman participe à l’enfouissement du lecteur dans un univers décalé et pourtant si proche de la réalité quotidienne. Jonquet semble nous rappeler qu’il est si simple de jouer le jeu de la conformité, de se laisser emporter dans une habitude de jugement de nos congénères et de sombrer peu à peu dans une somnolence continuelle. Mais une fois que l’on décide de gratter un peu la couverture d’or et d’argent, une fois qu’on cherche, qu’on fouine, le moindre visage d’un inconnu peut prendre des allures terrifiantes. Tout le roman est axé sur les faux-semblants. On ne s’imagine rien au fil de la lecture et pourtant ce n’est pas faute d’essayer. En parler équivaut à tuer le roman mais pouvoir en évoquer la grandeur et l’efficacité permet de montrer qu’il ne suffit pas de s’attarder sur un titre pour en deviner la substance.

Style sec, allure empruntée, Jonquet colle assez à ces images habituellement utilisées pour critiquer le roman policier et malgré tout, il s’en évapore une odeur de souffre et d’alcool qui laissent pantois, grisé, émerveillé et parfois même écoeuré. Roman incroyablement effrayant et cependant traversé par des moments de poésie cruelle qui vous donnent l’envie de fermer le livre ou d’aller plus avant, selon l’humeur et ce que l’on veut faire de son temps. A dévorer mais en sachant toutefois que la lecture de ce roman pourra laisser des traces 🙂 Izo La Vie de ma Mère

Encore un autre très bon roman de Jonquet. Même si l’impression est plus légère, le sujet, assez Tabou encore dans notre bonne vieille France effrayée par le moindre démon, vaut toutes les satires sociales. Il ne s’agit pas à franchement parler d’un Pamphlet même si le propos de l’auteur est assez engagé. J’y vais ai vu plutôt une volonté de montrer une vérité que beaucoup d’entre nous ignorent ou refusent d’accepter. Les Banlieues font plus peur que jamais et pourtant ce roman vient enrayer ce flot de pensées cyniques et amères. Ici, la vie d’un gamin est en danger. Il est jeune, particulièrement sensible mais faire cet aveu reviendrait à ne jamais plus être respecté, il essaie tant bien que mal de se démarquer de sa classe d’élèves en difficulté, et tente malgré le flux des envies frustrées de garder les pieds sur terre.

Il vit dans un environnement que l’on pourrait qualifier de difficile bien que Jonquet la décrive avec une pudeur soignée. Ici, la misère est affichée mais sans Pathos. Et à ce sujet, ej crois que Jonquet a compris que le misérabilisme rendait les gens encore plus sourds aux affirmations qui leur parviennent aux oreilles. La délinquance montre le bout du nez, et le lecteur l’attendait évidemment mais au-delà de toutes les idioties que le gamin peut faire, l’auteur dresse le portrait intégral sans se laisser attirer par les quelques traits brossés à coups de fuseaux gras. Pas d’exagération, ni d’excès et c’est ce qui donne un tel pouvoir au roman. Quelques 150 pages plus tard, le regard ne reste pas inchangé et l’esprit se dit que tout n’est pas encore perdu. Izo